Silvia est le premier projet de série d'aventures, réaliste en ligne claire, dont l'encrage est fait en 100% vectoriel, dans Illustrator. Le dessinateur, Édouard Elcet, est l'un des principaux usagers de ce logiciel. 8 planches (dont une double) ont aussi été colorées dans Illustrator, vérifiant qu'une mise en couleur vectorielle est possible, mais au prix d'une complexité plus importante que dans Photoshop. Cette couleur, sur trois niveaux de densité avec peu de dégradés requiert un placement précis des lumières. Le lettrage utilise trois polices créées pour celle-ci, dont une manuscrite due à une jeune femme ayant le caractère et les opinions de Silvia, donc la même graphologie.

Les tomes 1, Le petit moine de bronze et 2, Le caméléon, constituent un diptyque. L'énigme posée dans le tome 1 n'y trouve qu'une solution partielle. Dans le tome 2, Silvia se trouvera confrontée au mystérieux premier propriétaire de la statuette. Si la série rencontre le succès, d'autres épisodes, avec Silvia adulte, seront réalisés pour lesquels des scénarios ont été écrits: Silvia gagne alors en maturité, mais sans se départir de sa générosité empreinte de candeur et d'imprudence. Or le fait d'être là où il se passe quelque chose d'anormal fait qu'ensuite de chasseur on peut devenir lapin. Silvia est astucieuse et agile, mais elle est desservie par sa petite taille: et c'est loin d'être une super-woman.

Ben Tre, delta du Mékong, Vietnam : un couple est attiré dans une rizière désaffectée où il meurt du fait de l’explosion d’une vieille mine. Leur fillette de 18 mois, qu’ils avaient confiée à une voisine juste avant, est recueillie par un orphelinat puis adoptée : Kim devient Silvia, fille de jeunes agriculteurs landais dont l’homme est descendant de républicains espagnols.

Privée de ses racines vietnamiennes, élève brillante mais tourmentée, Silvia s’attache à l’un de ses deux grands-oncles, Antonio. Ce vieux photographe anar est la mémoire de la famille et vit à quelques kilomètres de la ferme. Alors que Silvia a onze ans, elle découvre chez Antonio la statuette d’un moine sur son yak, qu’elle n’avait jamais vue auparavant et qu’elle identifie comme venant de son pays. Mais le grand-oncle refuse de sortir l’objet de sa vitrine. Silvia le fera en cachette: désolidarisant le moine de sa monture, elle découvre dans le yak un visualiseur qui se met à projeter des images de guerre. Durablement traumatisée, la fillette est d’emblée convaincue qu’il ne s’agit pas d’un jeu vidéo, mais de la vraie guerre qui a ravagé son pays près de vingt ans avant sa naissance.

Les années passent. Silvia reçoit sa correspondante d’anglais, Hope, jeune Noire texane aussi brillante et survoltée qu’elle, dont la mère est ingénieure à la NASA et qui veut devenir astronaute. Silvia lui parle de la statuette. Hope est fascinée et, malgré les réticences de notre héroïne, obtient de celle-ci qu’elle lui fasse des photos du visualiseur, afin de les montrer à des experts. Mais le mail est bloqué par l’antispam de l’école militaire de Hope. Celle-ci ne les recevra que bien plus tard.

Cinq jours après l’anniversaire de ses seize ans, se rendant en vélo chez Antonio, Silvia croise un homme vêtu de noir, puis découvre son grand-oncle bien-aimé assassiné chez lui. Elle retrouve le petit moine dans l’herbe, mais non le yak... Le moins qu’on puisse dire est qu’entre le capitaine de gendarmerie, rond-de-cuir glacial en fin de carrière, et la «petite Indochinoise», le courant ne passe pas. Voulant à n’importe quel prix retrouver le criminel, Silvia s’engage donc, seule, dans une enquête de tous les dangers.