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Un point de vue décalé sur la BD |
Ami et collaborateur de longue date de Stéphanie Guillaume, bien connue des experts en images, j'ai suivi celle-ci lorsqu'elle est passée de la direction de Computer Arts à Création Numérique (aujourd'hui CréaNum), puis est venu agrandir le groupe de presse et d'édition Oracom, dont le fer de lance est Advanced Creation. Rédacteur en techniques de l'image, j'ai fourni à ce support des tests et tutoriaux de logiciels graphiques. Mais ma passion des arts narratifs m'a conduit à y ouvrir une rubrique BD. Celle-ci a duré du n° 25 au 48, soit pendant deux ans, et elle s'est complétée par des interventions sur le même thème à Digital Artist, autre revue du même groupe. La rubrique n'existe plus depuis Juin 2012, mais je continue à travailler pour le groupe Oracom.
J'avais beaucoup apprécié l'analyse de planches que proposait Pavillon Rouge, le magazine BD de Delcourt, rubrique que les autres périodiques du médium tout comme les sites web spécialisés ne semblaient pas vouloir reprendre. J'ai donc décidé de me centrer, majoritairement via des interviews, sur une compréhension et une analyse de fond de la BD et de ses images, de leur réalisation et de leur mode d'agencement dans leur version la plus actuelle, et ceci sans vouloir dérouler le tapis rouge sous les pieds des grands auteurs. Mon fil conducteur a donc été la genèse des uvres, depuis le concept de base jusqu'à la mise en uvre pas-à-pas du projet, ce qui offre de surcroît un intérêt pédagogique pour les jeunes artistes (même si chaque création a son originalité et il est sans intérêt de refaire à l'identique). Il m'est aussi apparu éclairant de mettre en valeur les difficultés que ceux qui sont aujourd'hui sur le haut du pavé avaient eu pour y parvenir, spécialement lorsqu'ils y étaient arrivés récemment. Car chacun peut vérifier qu'aujourd'hui le niveau d'entrée à la profession de bédéiste est considérablement plus élevé qu'autrefois. Bien que je n'assumais pas la maquette de la revue (mais j'aurais pu la faire, ayant effectué moi-même tout le PDF d'impression de mon troisième livre), je rendais des textes calibrés avec précision et j'effectuais une relecture pointilleuse (et indispensable) des PDF de mes articles. Remarque: si vous cliquez sur les liens des rubriques ci-dessous, ceux-ci ouvrent une nouvelle page. Les rubriques sont disponibles au format PDF pour les professionnels intéressés, mais restent la propriété d'Oracom. Pour les obtenir, me contacter. |
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AC 25 06/2010 |
Interview de Benjamin-Samuel Ewenczyk, fondateur du site digiBiDi
Pionnier de la mise en ligne d'albums BD, le jeune ingénieur B.-S. Ewenczyk créa son site digiBiDi dès 2008, offrant aux internautes de lire en streaming (c'est-à-dire que les planches restent sur le serveur) un choix de premières planches d'albums, ou, en location ou achat à prix modique, des albums entiers en diverses tailles de planches (jusqu'à 1150 pixels de large), enrichis parfois de commentaires audio des auteurs. Soleil donna très vite son accord, suivi d'autres éditeurs sauf ceux du groupe Media Participations (Dargaud, Dupuis, Le Lombard). Contrairement à d'autres sites, digiBiDi ne met en ligne que des albums publiés par les éditeurs "papier". |
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AC 26 07-08/2010 |
Article sur les sites Ave!Comics et Altercomics
Autre société de mise en ligne de BD, la société montpelliéraine Ave!Comics a ajouté au large catalogue d'albums papier (350 titres provenant de 30 éditeurs en Mars 2010) plusieurs albums originaux, accessibles sur divers terminaux mobiles, notamment des smartphones. Elle s'est alliée à Altercomics, "maison indépendante de la BD d'auteur" spécialisée dans la BD 100% numérique. Elle a produit le feuilleton Bludzee de Lewis Trondheim (voir AC29) et le manga multimédia Séoul District d'Hervé-Martin Delpierre et Park Chul Ho. Elle co-édite également avec Les Contrebandiers Tu ne mourras pas de Bénédicte Heim et Edmond Baudoin. Ces trois titres ont fait l'objet d'interviews ultérieures. |
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AC 27 09/2010 |
Article sur le site Izneo
Apparu au Salon du Livre 2010, porté par un consortium d'une douzaine d'éditeurs "papier" réunis autour du groupe Media Participations, le site Izneo a, en quelques mois, mis un millier d'albums à disposition des internautes, accessibles sur différents supports dont l'iPad et les smartphones. Comme digiBiDi, Izneo se limite aux albums publiés par ses éditeurs. Cependant la montée du numérique fait que certains titres comme Juge Bao, une très originale BD de P. Marty et Chongru Nie, dont l'encrage évoque une gravure, sont en format horizontal, mieux adapté à la lecture sur écran. Le Juge Bao, figure de la Chine ancienne, y est très populaire par sa légendaire sagesse et son intégrité. Une rubrique BD sur Juge Bao est en préparation. |
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AC 28 10/2010 |
Interview d'Arthur de Pins autour de sa BD Zombillénium (Dupuis)
L'illustrateur parisien Arthur de Pins s'est fait remarquer avec un film d'animation entièrement dessiné à la main en noir et blanc au trait, La révolution des Crabes, qui reçut de très nombreux prix en France et à l'étranger et a fait l'objet d'une adaptation BD, La marche du Crabe, éditée par Soleil (voir ci-après Digital Artist Hors-Série 2). Après ce fracassant succès, A. de Pins a réalisé d'autres films puis s'est construit une belle réputation de gagnant avec Péchés Mignons, BD humoristique toute en finesse chez Fluide Glacial. Fort de ce succès, il a obtenu en 2010 la signature des éditions Dupuis pour son album Zombillénium (tome 1 Gretchen, tome 2 Ressources humaines), première BD d'aventures au monde entièrement dessinée en vectoriel dans Illustrator (version 9 de 2000). Même si le dessin mordant et le CV bourré d'étoiles d'Arthur de Pins ont joué dans cette signature, il fallait un culot extraordinaire pour réussir un pareil coup. Au demeurant, la réalisation d'une telle BD avec le rythme de réalisation des planches exigé par l'édition présuppose la mise au point d'une procédure de réalisation unique à ce jour. |
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AC 29 11/2010 |
Interview de Lewis Trondheim autour de sa BD Bludzee (Ave!Comics)
On doit au scénariste-dessinateur Trondheim plus de cent BD, et certaines comme Lapinot et les carottes de Patagonie, ont 500 planches! Trondheim eut l'idée de proposer à Ave!Comics une BD spécialement conçue pour les smartphones, avec une histoire complète en six cases par jour pendant un an: Bludzee. Bludzee est un chaton noir aux yeux bleus (comme le chat de Trondheim), abandonné dans son appartement par son maître (recherché par la police), dans une grande ville. Notre petit héros va devoir apprendre, au cours d'aventures parfois cruelles, mais toujours drôles et émouvantes, comment subvenir à ses besoins. L'encrage entièrement manuel, simple et limpide, de Trondheim est servi par la belle couleur en à-plats de sa femme Brigitte, et cela fait de ces 365 strips une grande réussite. |
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AC 30 12/2010 |
Interview de Mathieu Weber, Arnaud Bauer et Maxime Marion, fondateurs de Manolosanctis
Manolosanctis a été décrit comme le YouTube de la BD, avec plus de 1200 albums en ligne dès 2010. Ce site totalement gratuit et sans pub a permis à tous les internautes de mettre en ligne leurs BD de toute nature à la suite d'une simple inscription et, en recueilliant les commentaires des visiteurs, de faire vivre et d'améliorer leurs projets en créant une saine émulation. Les BD rencontrant un engouement particulier des internautes pouvaient postuler pour être publiées sous forme d'album papier, et c'est ainsi que Manolosanctis s'était financé, tout en rémunérant les auteurs comme tout autre éditeur. Malheureusement, ce concept remarquable n'a pas rencontré le succès financier qu'il méritait et le site, après avoir vainement cherché des financeurs, a dû fermer à la mi-2012. |
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AC 31 01/2011 |
Interview du scénariste Hervé-Martin Delpierre autour de son manga Séoul District (Ave!Comics/Telfrance)
Séoul District est le premier manga multimedia au monde: il unit le dessin noir et blanc manuel (en réalité au crayon, car l'encrage est juste le fait du paramétrage à la numérisation) des planches à des animations, séquences filmées et bruitages. Ce manwha (manga en coréen) est un seinen manga, c'est-à-dire qu'il s'adresse à des ados et adultes. À l'inverse des shonen mangas (Dragon Ball, Naruto) qui ciblent un public enfant. Le scénario est effectivement d'un réalisme exceptionnel. H.-M. Delpierre fait remarquer: "Réel et fiction s'étaient tant nourris dans notre travail que nous avions parfois du mal à distinguer ce qui était vrai de ce qui était inventé Dans notre histoire, les pires scènes sont tirées de faits réels et les plus "douces" sont fictives. Un constat terrible n'est-ce pas?" Le dessin de Park Chul Ho sert à merveille ce récit: il s'avère à la fois d'une précision chirurgicale et d'une parfaite élégance, tout en offrant au lecteur des scènes d'une poésie superbe. |
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AC 32 02/2011 |
Étude du livre Colorisation de BD de Stéphane Baril (Eyrolles)
Stéphane Baril avait, avec ce livre tutorial tout en couleur initialement publié en 2005, à l'époque de Photoshop CS, acquis la réputation de maître à penser de la coloration BD. Recruté deux ans plus tard par Adobe Systems France comme Responsable des logiciels PAO, le jeune prodige renouvelle son livre avec cette édition 2010, recréée non seulement pour Photoshop CS5 mais désormais aussi pour la coloration vectorielle sous Illustrator (après vectorisation de l'encrage s'il y a lieu de le faire évidemment). Du coup, cet ouvrage volumineux mais très abordable, avec des pas-à-pas magnifiquement illustrés, et des portes ouvertes vers une foule de variations selon l'ambiance recherchée, gagne 100 pages pour un prix inchangé: environ 36 euros. Interview de Mikhaël Allouche, illustrateur et responsable pédagogique du CESAN (Centre d'Enseignement Spécialisé des Arts Narratifs) Le CESAN a pour but, entre autres, de professionaliser les futurs auteurs de BD, qu'ils soient adeptes du manga, de la ligne claire, du roman graphique Cet établissement parisien s'est fondé à partir de l'expérience strasbourgeoise de l'Atelier BD, aujourd'hui renommé Liconograf et très réputé dans le monde de la BD. L'enseignement, donné par une équipe de professionnels (illustrateurs, scénaristes, éditeurs) ayant une expérience d'édition, s'effectue en deux ans via une suite de modules; il présuppose une formation initiale en dessin qui peut être effectuée, tant à Paris qu'à Strasbourg, sous forme de prépa. Les étudiants sont invités à créér trois projets BD, à constituer un book, à réfléchir aux contraintes éditoriales et ils doivent apprendre à "vendre" leur projet. Ce qui ne garantit pas leur réussite, mais leur donne leurs meilleures chances de l'obtenir. Des week-ends thématiques sont également proposés. Liconograf édite Les Cahiers de l'image narrative, qui sont des tutoriaux téléchargeables. |
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AC 33 03/2011 |
Étude du livre How to Draw Noir Comics de Shawn Martinbrough (Watson-Guptil)
Lorsque Shawn Martinbrough, réputé pour ses BD de Batman, de Superman et des X-Men, écrit un manuel de placement des noirs sur les BD policières, c'est nécessairement à regarder de près. Et effectivement c'est LA référence! Le pinceau de Martinbrough file comme une balle de Colt, et ce bédéiste sait camper en quelques traits un drame avec l'intensité d'un film de Tarantino. Surtout, après s'être fondé sur une observation méticuleuse, il a assimilé tout ce qui a fait le succès de ses plus grands prédécesseurs. Nous avons affaire à un artiste de premier plan qui, de surcroît, se montre excellent pédagogue, avec une foule d'exemples sur ce qu'il faut faire ou doit être évité. Il est dommage que l'ouvrage n'existe pas en version française, mais plutôt que d'y renoncer si votre niveau en anglais est insuffisant, prenez un bon dictionnaire, inscrivez-vous à un cours ou achetez la méthode Assimil. |
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AC 34 04/2011 |
Interview d'Arnaud Toulon autour de sa série Les informaticiens (Bamboo)
Venu au tout-numérique dès Photoshop 3, l'illustrateur humoristique Arnaud Toulon jongle entre Google SketchUp pour certaines perspectives, Manga Studio 4EX pour l'encrage et Photoshop lorsqu'il colorise. Mais d'ordinaire il confie ses albums à un coloriste. Arnaud travaille sur une Wacom Cintiq 21", la "Rolls" des tablettes, car celle-ci permet de dessiner directement sur son écran 1200x1600 pixels. Il effectue ses crayonnés dans Manga Studio. Il les vire en brun, afin de les distinguer de l'encrage qu'il trace dans un Calque sus-jacent. Il ne décalque pas toujours directement les rendus 3D, auxquels il ne recourt qu'en cas de besoin, car son style "gros nez" lui impose de réinterpréter l'environnement réel. Curieusement, alors que le point fort de la version professionnelle Manga Studio EX, contrairement à la version grand public Debut, est de permettre l'encrage vectoriel, Arnaud dessine en "tout-pixels". En effet, il veut conserver les accidents et imperfections du tracé pixellisé, sans les possibilités de lissage paramétrable qu'offre le vectoriel. Il travaille actuellement sur une série Delcourt. |
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AC 35 05/2011 |
Interview de Henscher (Le seigneur des couteaux chez Casterman, Le banni chez Le Lombard)
Le scénariste parisien Henscher est venu à la BD après des études d'histoire puis un passage par les jeux vidéo. Contrairement à la plupart de ses confrères, il ne dessine pas. Mais cela ne l'empêche pas de maîtriser parfaitement le rythme et la narration BD. Modérateur du forum BD sur le célèbre site Café Salé, il a ainsi pu y rencontrer son actuel illustrateur Stacy Ntarumbana afin de monter son actuelle saga Le Banni, après une première série, Le seigneur des couteaux, illustrée par Fabien Rondet, chez Casterman. Le seigneur des couteaux raconte le développement de la secte des Assassins, en Iran, à partir de 1177, avec comme protagonistes trois jeunes postulants qui vont s'opposer avec une extrème violence. Le Banni est une "fantaisie moyennâgeuse" dont le personnage principal est Hector Wiestal dit la Muraille, ancien héros guerrier qui la paix revenue, sombre dans l'alcool mais doit reprendre du service à l'heure où l'on part aujourd'hui en retraite Au départ, Henscher avait tenté de monter un premier projet avec Fabien Rondet. Celui-ci racontait l'histoire d'une petite fille, Bianka, en proie à la terreur des monstres dans une Amérique déjantée. Henscher ne désespère pas, aujourd'hui, après le succès du Seigneur des couteaux et du Banni, de proposer à nouveau à l'attention des éditeurs les projets qu'il avait au départ. |
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AC 36 06/2011 |
Interview du peintre Tarumbana autour de sa BD Le banni (éd. du Lombard)
Stacy Ntarumbana (dit Tarumbana) a bénéficié d'une formation en peinture classique, d'où il tire sa compréhension de la lumière qui évoque celle des grands maîtres des 17ème et 18ème siècles. Cependant, cette formation très solide ne lui permit pas de décrocher un travail. Aussi, très découragé, il se résigna à un travail en usine très déqualifié, sans rapport avec le graphisme. Cependant, de vacances en Inde où il emporta pinceaux et papier, il rapporta un ensemble de peintures qui séduisirent immédiatement le scénariste Henscher. Tarumbana se lança alors dans la peinture numérique sous Photoshop, logiciel qu'il ignorait au début, mais qui en peu de temps lui permit de reproduire tous les rendus qu'il créait auparavant en peinture traditionnelle. La gestation du projet Le banni lui demanda un an. Cette série est directement dessinée dans Photoshop CS2, avec parfois des esquisses crayon. C'est une BD peinte, sans aucune ligne de contour, comme celles de Macedo, de Segrelles, de Jéronaton, tout à fait indistinguable d'une BD faite à l'acrylique ou à l'huile. |
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AC 37 07/2011 |
Interview du dessinateur Steven Dupré, autour de sa BD Kaamelott (éd. Casterman)
Né près d'Anvers, Steven Dupré est Belge de langue flamande. Il s'est d'abord illustré par des séries semi-réalistes pour enfants, avec le jeune Viking Wolf et les facétieux enfants Sarah et Robin, cette dernière série étant remarquable par son placement des noirs. On lui doit ensuite un beau tryptique, Coma (chez Glénat), aventure réaliste centrée autour d'un couple d'adolescents: Dana et Vincent. Ceux-ci sont adultes dans le troisième tome. Puis il dessina un tome, Interpol, chez Dupuis. Cette collaboration tourna court, et c'est bien dommage, car Dupré y révéla une qualité graphique remarquable dans un esprit réaliste sans concession, avec une qualité documentaire exemplaire. Par la suite, Dupré, desservi auprès des éditeurs par sa langue d'origine, se concentra sur le dessin, avec l'adaptation BD du feuilleton humoristique de M6 Kaamelott. Dupré dessine entièrement à la main, et il ne colore pas. |
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AC 38 08/2011 |
Interview de Sophian Cholet, dessinateur de la série Zombies (éd. Soleil)
Sophian Cholet, 28 ans, illustrateur réaliste passionné de cinéma fantastique et d'horreur, avait présenté à Soleil un one-shot de zombies, Dévoré. Mais l'éditeur préféra, pour un premier album, que le jeune prodige s'en tienne au dessin. Aussi Soleil le mit-il en relation avec Olivier Péru, scénariste-dessinateur qui avait déjà chez cet éditeur plusieurs albums à son actif, et recherchait un illustrateur pour son projet Zombies. Dans cette série, Cholet fait mouche avec un dessin incroyablement fouillé, et un dynamisme qui unit ses deux sources d'inspiration : les meilleurs mangas, comme Akira et Gunnm, et les comics US. Tout en conservant un graphisme cerné ligne claire. Ses atouts? Un découpage moderne et dynamique, un cadrage inspiré du cinéma d'action, une construction perspective rigoureuse et complète, une documentation (par internet) poussée, un encrage à la plume au cours duquel Cholet choisit parmi les lignes du crayonné les plus pertinentes sans jamais corriger son tracé. Son recours au numérique se limite à certains logos ou à l'assemblage des cases. Autre atout: Cholet analyse scrupuleusement le travail de ses confrères pour en tirer le meilleur parti. |
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AC 39 09/2011 |
Interview de Jean-Claude Pertuzé, illustrateur gascon
J.-C. Pertuzé s'est fait connaître en 1987 avec une BD noir et blanc de 32 planches entièrement dessinée en 24h non-stop au sommet du pic du Vignemale, à 3298m d'altitude : La Course du Vignemale fut ensuite imprimée et mise en vente trois jours plus tard. En dépit de la très bonne qualité des planches, Pertuzé ne se montra pas complètement satisfait, aussi entreprit-il de la redessiner entièrement. Cette réédition, Vignemale, l'autre jour, a été publiée en 2011. Autre challenge, La fille du Capitoul est la seule BD réalisée en carte à gratter, d'où son séduisant aspect de gravure sur bois. Mais bien sûr cet album représente un travail considérable. Adepte du "tout fait main", Pertuzé s'est cependant laissé séduire par Photoshop pour la colorisation, la typographie et la retouche des planches. On lui doit, outre de nombreux albums régionaux (Contes de Gascogne, Les Chants de Pyrène ) des contes pour enfants et une série de BD coquines: Galipettes, Culbutes et Capotages. |
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AC 40 10/2011 |
Interview de Patrick Pinchart, Président-fondateur des éditions Sandawe
C'est au terme d'une expérience éditoriale de près de 30 ans, notamment chez Dupuis à la tête de Spirou et comme responsable multimédias que P. Pichart a eu l'idée de créér Sandawe. Cette entreprise belge se singularise par son processus éditorial: le crowdfunding. En pratique, à l'issue d'une première sélection, les projets BD font l'objet d'une levée de fonds auprès d'internautes volontaires, plus de 2500 à la date de l'article. Les auteurs peuvent organiser différentes actions de promotion pour faire connaître et valoriser leur projet. C'est seulement lorsqu'une masse monétaire suffisante, correpondant à la vente d'au moins 8000 ou 9000 albums, a été collectée, que le processus de réalisation et de publication de la BD commence. Les internautes peuvent récupérer leurs fonds jusqu'au moment où la publication est décidée, ensuite cela n'est plus possible. Ensuite les auteurs touchent environ 10% des droits tandis que les internautes souscripteurs engrangent pendant les cinq premières annnées de la vente de 40 à 60% des gains. |
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AC 41 11/2011 |
Interview d'Edmond Baudoin, dessinateur de Tu ne mourras pas (éd. Les Contrebandiers) Edmond Baudoin, adepte du noir et blanc avec un encrage très spontané, dessine directement, sans la moindre esquisse. Il s'est fait remarquer par son carnet de voyage sur le TER Marseille-Miramas (Le petit train de la côte bleue), sa BD de reportage sur la cité mexicaine hyper-violente de Ciudad Juarez (Viva la vida), sa satire du super-héros US avec un clin d'il aux mangas (Crazyman) et à l'occasion de notre entretien avec l'adaptation BD d'un roman de Bénédicte Heim: Tu ne mourras pas. Dans ce roman graphique d'un hyper-réalisme psychologique dérangeant, édité tout comme le roman "texte" par Les Contrebandiers, Baudoin enferme un enfant, Corentin, avec une étudiante en philosophie déboussolée, Aude, en une sarabande d'amour mortifère. La dramatisation du récit est accentuée par des récitatifs tapés avec une machine à écrire antique et moribonde. À l'extrème sobriété de ses découpages et de ses compositions, que n'aurait pas reniés Hugo Pratt, s'opposent de subtils enchaînements. Nul ne saurait mieux prétendre que Baudoin à l'appelation de "calligraphe de l'âme". |
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AC 42 12/2011 |
Interview d'Olivier Jalabert, Directeur Éditorial des éditions Ankama L'entreprise roubaisienne Ankama a démarré son activité en 2001 comme prestataire web puis comme éditeur de jeux vidéo. Le département édition, majoritairement consacré à la BD, n'est apparu qu'en 2005, mais constituait fin 2011 un support majeur du 9ème art: 93 BD, 60 mangas et 23 comics. 90% du catalogue Ankama est constitué de créations originales. Paradoxalement, la marque d'Ankama est de ne pas en avoir, car les paginations et formats des albums sont des plus divers. On note un intérêt de l'éditeur pour la SF, le post-apocalyptique, la fantasy. Mais aussi les histoires d'animaux. Tout projet peut être pris en considération, du moment qu'il s'agit d'uvres de qualité soutenues par des histoires solides. Dans le cas de gros albums, les auteurs doivent dessiner d'autant plus vite, et c'est ce que fait Florent Maudoux avec sa série Freaks' Squeele pour laquelle le dessinateur a mis au point une procédure graphique spécifique. Un autre point fort d'Ankama, ce sont les produits dérivés des BD à succès: figurines sculptées ou T-shirts. |
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AC 43 01/2012 |
Interview de Claude Plumail, dessinateur de la série Résistances (éd. Le Lombard) Claude Plumail tire sa compréhension sans faille des volumes et des objets techniques de sa formation comme dessinateur industriel. Il construit ses personnages à partir du dessin de volumes simples, tels des cylindres et des troncs de cônes. Pour autant, il trace tout à la main avec des crayons de différentes couleurs et du papier et ne recourt jamais à de la 3D. Ce grand adepte de la plume Sergent-Major a commencé comme assistant de Julio Ribera dans la série à succès Le Vagabond des Limbes, scénarisée par Christian Godard. Puis il a pris son autonomie, en publiant diverses séries de fantasy, de SF ou d'uchronie chez Zenda, Soleil, Albin Michel et Glénat. Aujourd'hui, il se consacre à la série Résistances, qui retrace les destins de trois jeunes Français sous l'occupation nazie. Cet opus, dont le scénario est dû à Jean-Christophe Derrien, connaît un grand succès chez Le Lombard. La série a requis une documentation particulièrement précise, qui permet à Claude de représenter l'ambiance de l'époque avec une exactitude qui a valu aux auteurs les félicitations de nombreux résistants. |
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Digital Artist Hors Série 2 01/2012 |
Interview d'Êdouard Elcet, dessinateur réaliste spécialiste d'Adobe Illustrator Édouard Elcet, spécialiste en dessin de com et d'illustrations pédagogiques, est l'un des rares illustrateurs réalistes "accros" du tout-vectoriel et notamment d'Illustrator. À ce titre il a été mon co-auteur pour le Grand Livre d'Illustrator puis pour Maquette Créative avec Adobe InDesign, deux ouvrages publiés par Dunod (voir la rubrique Infographie de ce site). Après avoir un temps été tenté d'encrer notre série Silvia dans Manga Studio, il a opté pour Illustrator CS5 et ultérieurs en dépit de la médiocrité des outils d'encrage, notamment du Pinceau. Dans cet entretien, il explique la création de perspectives "comme à la main mais avec un confort supérieur", la division des tâches qu'il opère entre le Pinceau, le Crayon et la Plume, l'usage du Pathfinder pour faire se souder ou s'entre-découper des tracés, la structuration des Calques, et donne quelques indications sur la couleur. Interview d'Arthur de Pins autour de sa BD La Marche du crabe (Soleil Production) Dans Advanced Creation n°28 (voir ci-dessus), j'avais déjà interviewé Arthur de Pins. Ce nouvel entretien m'a donné l'occasion de comparer les démarches mises en uvre par ce maître du vectoriel dans ses deux séries: Zombillénium (notamment le tome 2) et La marche du crabe. Dans ce nouvel opus, Arthur de Pins limite l'usage des dégradés et des textures, mais son brillant usage de la lumière (un paradoxe s'agissant d'à-plats) et des couleurs joints à une grande hardiesse dans les découpages et la création d'ambiances ne manqueront pas de susciter l'admiration. |
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AC 44 02/2012 |
Interview de Stéphane Louis, scénariste et dessinateur pour Soleil, Delcourt et Le Lombard Stéphane Louis est l'un des champions en rendu du mouvement en BD: "J'ai la chance, dit-il, de penser en scènes et de percevoir l'espace quand j'imagine mes cases".L'audace et la modernité de ses découpages, dans sa série Tessa notamment, contribue à cette dynamique: "Les verticales me viennent de discussions avec Péru, précurseur dans le domaine. Le reste me vient de ma culture comics-manga et du maître du mouvement, Vatine". La démarche graphique proposée par S. Louis est si cohérente, sans pour autant être d'un réalisme total, qu'elle a séduit le Lombard avec la série Escobar le dernier Maya. S. Louis se veut pragmatique: insatisfait de l'encrage qu'il avait pratiqué avec Manga Studio (dans le tome 2 de sa série 42 et sur les 3/4 du tome 1 d'Escobar), il est revenu à un encrage traditionnel. Il est aussi scénariste, avec Khaal empereur intergalactique (dessiné par le tout jeune prodige hyper-réaliste Valentin Sécher) et Sept clones (illustré par Stéphane de Caneva). |
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AC 45 03/2012 |
Interview de Chongrui Nie et de Patrick Marty, dessinateur et scénariste de la série Juge Bao (éd. Fei) La BD Juge Bao est née de la rencontre de trois personnes: l'éditrice Xu Ge Fei, le scénariste Patrick Marty et le dessinateur Chongrui Nie. Le véritable juge Bao Zheng (999-1062), intrépide défenseur des pauvres tout en étant mandaté par l'empereur de Chine, est une des plus belles figures de la Chine ancienne. Xu Ge Fei, jeune Chinoise installée à Paris, a choisi de faire connaître les talents BD qui unissent les deux cultures en fondant les éditions Fei. Ceci l'a amenée à rencontrer, puis à épouser, le scénariste Patrick Marty, passionné par l'Orient. P. Marty, instruit par sa compagne de la vie du célèbre juge, a entrepris avec celle-ci une enquête en Chine sur ce passionnant héros bien réel. Chongrui Nie, graveur d'un exceptionnel niveau, chinois jusqu'au bout des ongles sans se priver des acquis occidentaux, a réussi à 68 ans ce tour de force de faire passer tout son savoir-faire, du crayonné à la BD finie, à travers le canal de Photoshop.avec un dessin noir et blanc d'un hyper-réalisme au trait encore quasiment jamais vu en BD orientale. |
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AC 46 04/2012 |
Interview de Paul Marcel, peintre des séries Le Malvoulant (Soleil) et Le scarabée d'or (éd. Delcourt) Paul Marcel attendit l'âge de 41 ans pour vivre de la BD, une passion qu'il avait acquis depuis l'enfance en se délectant des grands maîtres américains John Buscema et Richard Corben. Sa toute première BD, Le Très Pas, ne comporte que cinq planches crayonnées mais il y met au point son fascinant univers fin XIXème siècle. Il entre alors en contact avec une grosse pointure du scénario, Éric Corbeyran, pour lequel il réalise sa première série, en trois tomes: Le Malvoulant. Cette fantaisie dans le milieu d'une noblesse de province décadente et perverse révèle alors son style. Celui-ci, bien que réalisé assez classiquement (un sandwich, dans Photoshop, entre un original peint uniquement en noir et blanc, qui offre une très grande richesse de textures, et une couleur numérique sobre mais qui créée une féérie mordorée de lumières et de couleurs), est unique et n'a rien à envier à un Yslaire, tout en étant totalement différent. Avec Le scarabée d'or, Paul Marcel renonce à reprendre des éléments photographiques car tout y est peint, la technique de base restant la même. |
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AC 47 05/2012 |
Interview de Jean-Jacques Dzialowski, dessinateur des séries Groom Lake et Firewall (éd. Bamboo) Jean-Jacques Dzialowski a été pendant des années "penciller" de versions françaises de comics US. Autrement dit il faisait le crayonné abouti, mais pas l'encrage et encore moins la couleur, ces trois fonctions étant traditionnellement distinctes chez les éditeurs de BD d'Outre-Atlantique. Il a ainsi fait une brillante carrière chez Boom!Studios et DC, mais aussi chez Semic (voir son parcours à Wikipedia). Puis, après une tentative chez Soleil avec la série Grands Anciens qui, comme le raconte dans son blog Jean-Marc Lainé, a échu à un autre dessinateur en dépit de l'évidente qualité de son travail, il a connu le succès avec deux séries chez Bamboo: Groom Lake (4 tomes) et Firewall (2 tomes). Le style de Jean-Jacques, bien que situé dans la tradition cernée franco-belge, est très photo-réaliste. Mais contrairement aux apparences il est entièrement dessiné et n'est qu'exceptionnellement décalqué de photos. Actuellement Jean-Jacques est engagé dans notre projet d'album one-shot ChômageS. |
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AC 48 06/2012 |
Interview de Marine Tumelaire, illustratrice jeunesse et coloriste BD Marine Tumelaire (voir aussi son blog généraliste et son blog de peinture) est une illustratrice à part entière qui a fait ses preuves dans les jeux vidéo et pourrait parfaitement être dessinatrice BD, car le dessin de cette amoureuse de la nature et des loups est juste, plein de charme et de tendresse. Mais lorsqu'elle peint elle préfère se consacrer à l'édition jeunesse ou se limiter à la colorisation BD. Elle révèle alors un sens du drame, des lumières et des ambiances qui lui valent une considération méritée. Son travail de colorisation de planches BD, entièrement effectué dans Photoshop, s'effectue en trois étapes. D'abord elle commence la coloration basique des personnages, objets et décors répartis par "famille", ensuite elle monte les modelés, rajoute les motifs et les matières, et elle termine par les jeux de lumière et les ambiances. |
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