Publié fin 1999 par les éditions VM, ce livre luxueusement réalisé (tout quadri, couverture rigide) reste en vente sur son site dédié, à la Photo-Librairie et sur quelques autres sites (Amazon-France, Priceminister, parfois sur eBay), mais à un prix moindre de moitié qu'au début. Il a très peu vieilli, ce qui tient à plusieurs facteurs. Non seulement il s'agit d'un livre historique, mais il a été écrit juste après l'apparition des premiers appareils photo numériques grand public dignes de ce nom, c'est-à-dire après que l'on ait commencé à tourner la dernière page de l'ère argentique. Bien sûr ces premiers représentants de l'ère nouvelle étaient loin d'avoir acquis leur forme définitive, qu'ils n'auront qu'au tournant 2003-2004, mais ils autorisaient déjà une interprétation correcte du devenir de la boîte à images. La commande du livre par VM parachevait un travail de longues années comme rédacteur technique ajoint à PhotoMagazine et au Photographe (voir accueil), et elle avait été précédée de celle d'un dossier sur les 50 dernières années d'évolution du matériel photo dans le mensuel Phot'Argus (aka PhotoPlus). Ce dossier avait eu un tel succès que la direction du magazine m'avait commandé le livre.

Les photos du livre ont été majoritairement faites par Claude Tauleigne, collaborateur actuel du mensuel Réponses Photo et l'un des plus brillants rédacteurs techniques du sujet. L'ouvrage fut parrainé par le Musée Français de la Photographie de Bièvres, qui permit la photo et parfois une prise en mains de plusieurs appareils historiques. Le Conservateur de ce musée, Éric Bourgougnon, en écrivit la préface. Le livre fut Sélection FNAC de Noël 1999.

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"Un siècle" décrit 370 appareils photo étagés de 1888 (date de l'invention du film souple par George Eastman, fondateur de Kodak) à 1999 et, à ce titre, a vivement intéressé les collectionneurs. Mais il n'est pas un catalogue d'objets anciens et n'a aucune prétention à l'exhaustivité puisque des milliers de modèles ont été fabriqués. C'est le "roman vrai", aussi exact que possible, de la transformation des matériels de prise de vues, dans lequel chaque modèle est situé entre son passé et son avenir, comme un élément de l'aventure humaine globale. J'ai tenu à mettre en valeur le génie des inventeurs amenés à concilier leur désir de modernité à l'état de la technique de l'époque, et à celui de la société en général. En ce sens, le livre concerne tous ceux que le progrès humain intéresse. Il révèle de surprenantes réalisations, bien loin de l'image des austères cubes de bakélite ou de tôle emboutie noirs, ou encore de ces accordéons de bois et de toile, que recèlent parfois les vieux greniers. Certains reflex-directs d'avant 1914 s'apparentent même à de stupéfiants objets de science-fiction, dignes de figurer dans une BD d'Alex Raymond ou d'E.-P. Jacobs, tout en étant incroyablement bien pensés et fonctionnels. Plus près de nous, l'Exakta 4x6,5 imaginé par K. Nüchterlein en 1930 a été à la base de presque tous les haut de gamme ultérieurs, et il s'insère dans un courant de pensée qui l'a peu à peu emporté sur le conservatisme de la majorité des modèles de l'époque. Si aujourd'hui les réalisations sont censées être le fait de collectifs d'ingénieurs aussi nombreux qu'anonymes, en pratique le génie d'un individu reste encore souvent le moteur de l'innovation (dans un autre domaine, l'aventure d'Apple en témoigne). Quant aux numériques, à partir du moment où ils ont cessé d'être sous la coupe d'informaticiens qui ne comprenaient rien à la prise de vues pour devenir de vrais appareils photo, leur technologie (autofocus multi-collimateurs, programmes multiples, mesure matricielle "intelligente" de l'exposition, TTL-flash) s'enracine dans celle des appareils antérieurs, au point que l'on peut se servir d'un numérique haut de gamme quasiment comme d'un reflex argentique des années 1970, avec bien sûr une foule de bénéfices.

Aujourd'hui, je m'adonne plus à la fantaisie que dans ce livre… mais avec le même sérieux!